samedi 28 février 2009

Voyage au bout de la nuit

Depuis le temps que nous entendions parler de ces fameux billets d'avion aux prix ridicules, il était temps pour nous de voir ce qu'il en était réellement. Nous avons trouvé nos billets pour Venise sur le site web de la compagnie Ryanair à un prix effectivement alléchant. Au fur et à mesure que la transaction en ligne s'effectuait, des frais de taxes s'ajoutaient, mieux encore, à la toute fin, le prix avait mystérieusement grimpé de 20 € sans raison. Nous étions donc passé d'un tarif de 48 € à 96 € pour un aller simple, mais bon, au diable les dépenses c'était enfin l'occasion pour moi de voir Venise.

Ryanair, c'est sympa quand ça marche mais si, pour une raison ou une autre, on décide d'annuler votre vol, vous êtes franchement dans la merde. Imaginez, vous êtes à l'aéroport très, très local de Trevise (plus d'une heure de Venise en autocar), vous vous êtes enregistré, vous avez votre carte d'embarquement en main, il est 20 h passées et au moment où vous devez embarquer, on vous dit que le vol est annulé en raison de la météo (un léger brouillard est perceptible de la grande baie vitrée qui donne sur le tarmac et il n'y a aucun avion à l'horizon (!)...) sans plus d'explication.

Les options offertes sont soit une place (possible mais pas garantie) sur un vol 3 jours (!) plus tard, soit prendre le train jusqu'à Paris dans la prochaine heure. Notre départ pour Montréal étant prévu pour le surlendemain, nous n'avions d'autre choix que de prendre le train. Le trajet prendrait plus de 16 heures et impliquerait deux transferts en pleine nuit, l'un à Bologne et l'autre à Milan. Une «run» de lait finalement.

Il nous est vite apparu que la nuit, les trains italiens ne sont pas très bien fréquentés. Au départ, sur le quai de la gare de Trevise, il y eut une première rencontre avec un immigré portoricain qui n'arrêtait pas de causer et qui avait décidé de faire de nous ses amis avec claques sur l'épaule à l'appui. François, spontanément, parle à tout le monde, même tard le soir et même s'ils ont un débit de paroles suspect. De mon côté, sans doute parce que je suis une fille et que par conséquent j'ai appris la prudence très tôt, j'ai le réflexe inverse. Dans ma propre ville, il ne me vient pas à l'esprit de parler aux inconnus en pleine nuit, pourquoi le ferais-je sur le quai d'une gare d'un bled italien alors que je ne comprends rien à ce que cet étranger raconte ?! J'ai sorti mon plus bel air de beu mais ça n'a pas empêché Speedy de nous suivre dans notre wagon et de parler, parler, parler. Il ne semblait pas comprendre que mes yeux fermés signifiaient «crisse-nous patience».
Il faudra que je revise l'efficacité de mon langage non-verbal.
La nuit serait longue...

Notre arrivée à la gare de Bologne à 2 h du matin.

À notre arrivée à Bologne, vision apocalyptique en entrant dans la salle d'attente. Tous les SDF de la ville semblaient s'être donné rendez-vous en cette nuit particulièrement froide. Ça ne faisait aucun doute, nous allions vivre 2 h déroutantes, aussi bien s'armer de calme et de patience.

L'insolite spectacle de là où nous étions assis dans la salle d'attente de la gare de Bologne.

La salle était bondée et l'odeur de pisse et de crasse nous a tout de suite mis dans l'ambiance. Ajoutez à cette expérience olfactive le son en canon des ronflements de plusieurs dormeurs et vous y êtes. Bienvenue à Bologne ! À plusieurs reprises, François et moi avons esquissé un sourire tant la situation était étrange puisque certains ne dormaient pas et cachaient mal leur désordre psychique. Nous observions.
Qu'y avait-il d'autre à faire ? Aussi bien entourés, il était hors de question de fermer ne serait-ce qu'un oeil. Même nos sacs étaient attachés à nos pattes tant nous nous sentions en sécurité même si un gardien veillait au grain, juché sur une sorte de plateforme avec vue imprenable sur l'incroyable assemblée. Une scène digne d'un film de Fellini.

Certains personnages étaient particulièrement bien campés. Une pute junky a fixé avec une rare intensité un bout de papier pendant près d'une heure. Un dormeur obèse dont la forme s'apparentait à celle de Humpty Dumpty tenait étonnammant en équilibre sur une petite chaise. Peut-être simplement en raison de sa tête renversée vers l'arrière qui faisait contrepoids à son ventre et le grand écart de ses cuisses ?... Un autre, ressemblant à Karl Marx, fou furieux, s'en est pris à une inconnue en l'abreuvant d'insultes. La tension montait. La pauvre fille se taisait tandis que Marx devenait de plus en plus agressif. Le maître de cérémonie est finalement descendu de son estrade pour venir ramasser Karl par la peau du cou et le rasseoir. Cette manoeuvre eut un effet particulièrement apaisant sur le détraqué.
Le calme revint dans la salle.
Un quidam qui traînait sa vie dans un sac plastique est passé lentement devant nous avec une semelle qui bavait. Flip-flop-flip-flop...

Humpty Dumpty ronflant.

Toujours à Bologne de retour sur le quai, le train de Milan a 20 minutes de retard...

À 4 heures du matin, notre train quittait enfin Bologne pour Milan. Dans notre cabine nous attendait un dormeur. Sa taille et la noirceur ambiante ne me disaient rien de bon. J'essayai de convaincre François de sauter en bas du train mais François tenait, avec raison, à récupérer les sièges qui nous étaient assignés. Courageux, il a donc réveillé l'homme qui roupillait comme un bébé. Lorsqu'il s'est déplié, mes yeux se sont ouverts très, très grands. Le colosse a revêtu un long manteau de cuir noir. L'homme que le sommeil rendait si vulnérable et inoffensif un instant auparavant semblait maintenant sortir tout droit d'un film de Tarantino. La bête noire est sortie de la cabine sans nous adresser un seul mot. Nous étions enfin seuls!
Notre répit n'allait cependant durer que quelques instants...

Dans notre cabine en route vers Milan.

Un autre voyageur de nuit est arrivé dans «notre» cabine et a fait comme chez lui. Il paraissait en manque de quelque chose si vous voyez ce que je veux dire. Un autre qui bougeait et parlait sans arrêt (à François évidemment, car j'avais mis mon masque de beu aux yeux fermés comme répulsif). Il semblait s'étonner que je sois la copine d'un être aussi charmant. Il a dû poser la question 5 fois comme s'il n'y croyait pas. Je n'ouvrais pas un oeil, j'écoutais sans broncher et j'espérais que quelqu'un pèse sur le bouton «fast-forward» de cette nuit cauchemardesque. J'entendais notre nouveau freak décapsuler et boire les bières qu'il sortait de son bagage à une vitesse digne d'un record Guinness et j'appréhendais en silence, recroquevillée dans mes jambes et mes bras croisés, le moment où il serait saoul. Allait-il devenir agressif ? Nous insultez ? Sortir une arme ? Mon cinéma intérieur d'épouvante s'emballait. Heureusement, il a finalement lâché prise et s'est couché de tout son long. Ouf! J'ai attendu quelques minutes et j'ai ouvert un oeil. Ses gros orteils sortaient triomphants de ses bas percés comme pour me narguer. Eurk!
Sortez-moi d'icitte quelqu'un!

Un contrôleur est passé et l'ivrogne a fait semblant de chercher un moment puis lui a avoué ne pas avoir de billet. Youpi! Nous étions sauvés, on allait le faire descendre et nous allions enfin pouvoir dormir ! (Je sais, je suis un être sans-coeur surtout si je suis épuisée et qu'on expose à ma vue de gros orteils crottés). Le contrôleur qui en avait vu d'autres est revenu à deux reprises dans la cabine et lui a vendu un billet. Re-face de beu, jambes et bras croisés.

À Milan, notre nuit infernale s'est enfin terminée.

Notre arrivée à Milan, il est 7h.

Les pigeons se réchauffent au-dessus d'une locomotive.

Nous partons à la recherche d'un déjeuner et d'un lunch pour la dernière partie de notre trajet.

8 h, le jour se lève et notre TGV pour Paris nous attend.

Finalement dans le train pour Paris.

Le TGV roulait à la vitesse d'un tramway, mais peu importe, il faisait enfin jour et nous n'avions ni géant taciturne, ni ivrogne, ni drogué aux alentours. Cependant, nous avons tout de suite remarqué la présence d'un immense africain vêtu d'un boubou, les doigts parés de bijoux et l'air souverain. Inquiétude...

Le mastodonte, bien installé sur un siège qui n'était bien entendu pas le sien, s'est obstiné avec le père de famille italien qui lui présentait son billet sous le nez pour bien faire comprendre à ce gros monsieur qu'il devait aller installer son postérieur sur une autre banquette. Il s'est lentement déplacé en bougonnant jusqu'à un autre siège et s'est endormi peu de temps après. Le bruit de ses ronflements, de ses raclements de gorge et de ses crachats (oui, vous avez bien lu) faisait que les passagers se jetaient des coups d'oeil mi-gênés, mi-amusés. J'étais dégoûtée. Les gros orteils sales n'étaient rien car je n'avais qu'à fermer les yeux pour les faire disparaître, mais là... Un autre voyageur est entré dans le wagon et a tiré de son sommeil bruyant le gros squatteur pour à son tour récupérer son siège.
Re-déplacement du boubou XX-L qui se dirige droit vers nous (?!!!), s'arrête... et s'installe sur le siège voisin des nôtres, bien sûr !
Et c'est reparti pour une nouvelle performance sonore. C'est au son des crachats et des ronflements de ce monsieur que s'acheva notre retour de la ville la plus romantique du monde.

À notre retour à Montréal, nous avons fait par écrit comme il se doit une demande de remboursement à Ryanair pour le vol qui n'a jamais eu lieu. Zéro nouvelle depuis trois semaines.

J'ai entendu tout à l'heure aux infos que Ryanair comptait rendre les toilettes payantes à bord de ses avions. Ça doit être pour nous rembourser nos billets de retour...

Anne

mardi 24 février 2009

Marcher pour voir


Un des charmes de cette ville si singulière est qu'elle se laisse découvrir tout doucement en marchant dans ses nombreuses et minuscules ruelles (calle en italien) où il est si facile et agréable de se perdre.



Ces calle aboutissent généralement sur de jolies places où l'on retrouve parfois un arbre, une fontaine, voire un banc pour se reposer.




Des ponts enjambent les canaux, aussi il devient possible de faire le tour de Venise en se baladant tranquillement. François dit que cette ville, tel un vestige d'un autre siècle, est demeurée à une échelle humaine car aucune voiture ne peut y circuler. Elle n'a tout simplement pas été pensée pour cela et c'est bien tant mieux.


On m'avait dit que lorsqu'on a vu Venise une fois, on ne peut que vouloir y retourner. Et c'est tellement vrai.

Le pont de l'Académie


dimanche 22 février 2009

Bancs publics


vendredi 20 février 2009

6e énigme, enfin!

Devinerez-vous ce qui a causé cet attroupement ? Lâchez-vous lousse !

Statue du Colleone

J'aime beaucoup cette statue équestre d'Andrea Del Verrochio,  l'ultime oeuvre qu'il ait réalisée. Il est mort avant de couler le bronze.

jeudi 19 février 2009

Pigeons voyageurs

dimanche 15 février 2009

Peggy Guggenheim Collection

Lorsque j'ai demandé à notre ami Vincent, un habitué de Venise, de nous donner les incontournables de cette ville, il nous suggéra à part nous perdre, le Palais Grassi, le Palais Venier dei Leoni et évidemment la basilique Saint-Marc.
C'est au palais Venier dei Leoni que Peggy Guggenheim vécut avec ses chiens et installa sa propre collection d'art moderne. Vincent avait raison, cette visite valait le détour.

Alberto Giacometti, Woman Walking, 1936
C'est la seule photo que François a pu prendre à l'intérieur avant de se faire avertir.


Détails de la porte donnant accès au jardin à partir de la ruelle.


L'agréable jardin où sont installées en permanence plusieurs sculptures.


Germaine Richier, Tauromachy 1953.

Mirko, Roaring Lion II 1956.

Une installation de miroirs avec lesquels nous nous sommes amusés.


Peggy adorait ses chiens, ses compagnons de vie, aussi, à leur décès, les a-t-elle enterrés au jardin où une plaque de marbre nous rappelle l'importance qu'ils ont dû avoir pour elle. Elle-même repose juste à côté...




samedi 14 février 2009

Photos thématiques


vendredi 13 février 2009

Drapés de marbre

Nous avons été séduits par ces splendeurs en marbre blanc. Touchés au coeur aussi au Palais Grassi par cette enfilade de corps dissimulés sous des draps blancs qui suggère l'idée d'un massacre... Une sculpture hyperréaliste terriblement «vivante» de Maurizio Cattelan intitulée All.

La tête de marbre, énorme en réalité, a été photographiée dans une galerie d'art située tout près de notre hôtel. Malheureusement, nous n'avons pas pris soin de noter le nom du sculpteur...

mercredi 11 février 2009

Suce pendue

Sur une place, des Italiens discutent. L’un d’eux, d’une main, tient son petit astronaute qui semble aimer cet état d’apesanteur...

lundi 9 février 2009

Le ciel des soupirs

Il est écrit qu'en acquérant cet espace, Eni (la grande compagnie pétrolière italienne) contribue à restaurer de Palazzo duccal. Elle contribue aussi aux soupirs...

dimanche 8 février 2009

vendredi 6 février 2009

L'église de San Nicolò da Tolentino





Voici une des rares églises où j'ai réussi à photographier l'intérieur. Le gardien était plongé dans sa lecture. Il m'a finalement fait signe que c'était interdit après plusieurs photos.